À Kouria, un projet d’envergure prend vie : la fonderie d’IMA. Bien plus qu’une usine, c’est une aventure humaine qui mobilise ingénieurs, techniciens et partenaires autour d’un objectif commun : bâtir une filière sidérurgique solide en Guinée. Dans cet entretien, le Directeur Général d’IMA, M. Ashish Kumar, partage les avancées du chantier, ses perspectives et sa vision pour contribuer durablement au développement de la région.
Pouvez-vous nous décrire les principales activités d’IMA?
IMA développe actuellement une fonderie destinée à la production d’acier primaire. L’usine fabriquera principalement des barres d’armature TMT, dans une première phase, de diamètres allant de 8 à 32 mm. Une extension vers des barres plus fines est également prévue pour répondre aux besoins spécifiques des clients. Au-delà de ces produits principaux, la fonderie produira également des sous produits destinés à la commercialisation. Le choix de la gamme est stratégique : il conditionne les technologies à mettre en oeuvre et les processus de production à adopter. Cette décision repose sur plusieurs critères : analyses de marché, projections de la demande, orientations gouvernementales, ainsi que la segmentation visée (marché local, national ou export).
Où en est aujourd’hui la construction de votre fonderie à Kouria, et quelles sont lesétapes clés restantes avant son entrée en service ?
La construction de la fonderie à Kouria a atteint une étape avancée.
• Charpente métallique : fabriquée à l’étranger, la structure est actuellement en transit et devrait arriver à Conakry en septembre. Le montage du hangar débutera aussitôt, pour une durée estimée à deux mois.
• Installation des équipements : en parallèle à l’assemblage de la structure, une mise en place des machines et équipements sera effectuée.
• Travaux de génie civil restants : la construction des installations annexes (laboratoire, magasins, entrepôt, réservoir, pont-bascule) sera menée en parallèle par l’équipe SOHA Constructions.
• Approvisionnement : lors d’une mission à l’étranger, les composants mécaniques, hydrauliques et électriques ont été finalisés. La composition chimique des billettes destinées à la première production a été validée par un lot d’experts, dont je fais partie.
• Formation & mise en service : le personnel technique a déjà bénéficié deformations pratiques. L’installation et la mise en service du générateur diesel, la maintenance associée, ainsi que les travaux de câblage serons supervisés.
Quels sont, selon vous, les besoins prioritaires du marché guinéen en matière de produits métallurgiques ?
Le marché métallurgique national est en pleine expansion, tiré par les projets d’infrastructures.
• Demande : estimée à 160 000 tonnes en 2021.
• Dépendance aux importations : environ 60 % des besoins couverts par l’étranger.
• Production locale actuelle : limitée à un seul producteur (ODHAV) avec ~70 000 tonnes/an.
• Évolution des prix : augmentation marquée (+20 %) entre juillet 2020 et janvier 2021.
• Environnement : cadre fiscal incitatif et protections pour les investisseurs.
• Qualité : nécessité de renforcer les standards pour les matériaux de construction.
Quel impact la mise en service de cette fonderie devrait-elle avoir sur l’emploi et le développement économique de la localité de Kouria et de ses environs ?
L’implantation de la fonderie générera de nombreux emplois directs et indirects. Elle mobilisera ingénieurs, techniciens, ouvriers spécialisés et personnels de soutien. Son effet d’entraînement bénéficiera aux secteurs de la construction, du transport, de la logistique et aux fournisseurs locaux. À terme, ce projet devrait contribuer à la croissance économique et au développement social de Kouria et des zones voisines.
Comment voyez-vous l’évolution du secteur métallurgique en Guinée dans lesprochaines années ?
Le secteur de la métallurgie en Guinée est promis à une forte croissance, soutenue par :
• Des ressources abondantes, dont le gisement de Simandou (teneur en Fe 65+), la plus grande réserve mondiale de minerai de fer à haute teneur non exploitée.
• Une diversification économique au-delà de la bauxite grâce à l’acier.
• Un potentiel régional, positionnant la Guinée comme futur acteur clé de l’Afrique de l’Ouest. Cependant, des défis demeurent : infrastructures, énergie et gestion environnementale.
Quels sont les principaux objectifs qu’IMA s’est fixés à court, moyen et long terme ?
À court terme, IMA concentre ses efforts sur l’achèvement de la construction de sa fonderie et le lancement effectif des opérations. L’entreprise vise également à s’imposer rapidement sur le marché local en bâtissant une réputation de fiabilité et de sérieux. À moyen terme, nous avons pour ambition d’élargir progressivement notre gamme de produits tout en augmentant notre capacité de production. Dans cette
dynamique, un renforcement de notre chaîne logistique sera aussi nécessaire afin de mieux répondre aux besoins croissants des clients. Enfin, à long terme, l’objectif est de s’imposer comme un leader régional de l’acier en Afrique de l’Ouest. Pour y parvenir, IMA prévoit d’adopter des pratiques industrielles modernes et durables, telles que Lean Six Sigma, SAP et la Business Intelligence, tout en investissant dans la formation et le développement d’un vivier de talents qualifiés et autonomes.